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La journée internationale pour la conservation de l’écosystème des mangroves est célébrée chaque année le 26 juillet. Une célébration qui vise à sensibiliser sur l'importance des écosystèmes de mangroves et à promouvoir des solutions pour leur conservation et leur utilisation durable. Madagascar célèbre cette journée, sachant que les 2% des réserves mondiales de mangroves sont localisées dans la grande île, et que cette ressource représente les 20% des réserves africaines.

Un écosystème exceptionnel mais menacé

Les mangroves fournissent un habitat à la faune et la flore et servent de zones de nurserie pour de nombreuses espèces de ressources halieutiques dont des poissons et crustacés. Elles soutiennent ainsi une riche biodiversité et protègent naturellement le littoral tout en assurant un rôle important de régulation climatique, grâce à leur capacité élevée de séquestration de carbone. Elles constituent également une opportunité socio-économique contribuant au bien-être et à la sécurité alimentaire des populations riveraines.

A Madagascar, les mangroves recouvrent près de 390 853 ha en 2018 selon l’état des lieux des mangroves en 2019 . Une richesse répartie principalement entre les régions de Diana, Sofia, Boeny, Melaky, Menabe et Atsimo Andrefana. Malheureusement, cet écosystème subit actuellement une forte dégradation avec de graves impacts écologiques et socio-économiques ; une destruction alarmante par le déboisement et la conversion de l’espace en terrain de culture et pour divers usages, faisant fi des interdictions et des lois en vigueur.

La mobilisation de toutes les parties prenantes vers une gestion plus responsable et rationnelle de cette ressource est plus que jamais nécessaire, en mettant en pratique les modèles de restauration et de reboisement de mangroves déjà en place ainsi que des bonnes pratiques de gouvernance locale impliquant les communautés dans leur gestion et leur protection.

Engagement vers une gestion durable et intégrée

A partir de 2019, l’initiative mangrove a vu une mobilisation sans précédent de toutes les parties prenantes engagées dans la gestion de cet écosystème, sous le leadership du Ministère de l’Environnement et du Développement Durable (MEDD) et du Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche (MAEP), la coordination du Comité National de Gestion Intégrée des Zones Côtières (CN-GIZC) et l’appui conséquent du programme USAID Hay Tao. Un atelier national pour la gouvernance et la gestion intégrée des mangroves organisé du 23 au 25 Juillet 2019 a abouti à une déclaration commune signée par ces deux ministères, et a servi d’engagement politique pour adresser les défis de gouvernance et de gestion de cette ressource. Cette déclaration met en priorité le développement des outils de gouvernance des mangroves, la coordination des interventions et la synergie entre les parties prenantes, ainsi que le système de suivi et évaluation.

Parmi les outils de gouvernance figurent la stratégie nationale de gestion des mangroves, la révision du texte concernant la gestion des mangroves, la promotion d’alternatives à l’utilisation de bois de mangroves, à travers l’extension des reboisements terrestres, ce qui rejoint l’objectif de l’Etat de reboiser au moins 40 000 ha par an. Son élaboration constitue une suite logique de l’initiative mangrove, à laquelle USAID Hay Tao va encore apporter son appui.

L’engagement signé par les deux ministères s’aligne à l’engagement de Madagascar durant le COP 23 sur le climat à Bonn, en Allemagne, un défi qui vise à restaurer 4 millions d’hectares de forêts et terres dégradées d’ici 2030. La restauration des mangroves fait ainsi partie des options prioritaires de la restauration des paysages et des forêts pour la Grande Ile.

Cet engagement ferme constitue une source d’espoir pour les communautés côtières qui dépendent des mangroves, la mise en œuvre des mesures qu’il renferme va assurer leurs fonctions écologiques, vitales pour ces communautés et pour l’humanité. Selon M. Julien Noël Rakotoarisoa, Point Focal National de la gestion des mangroves au Ministère de l’Environnement et du Développement Durable, « Par cet engagement commun débute le redressement institutionnel de la gouvernance des mangroves. Cela va continuer par l’adoption des documents cadres de gestion renforcés par des cahiers de charge bien définis pour les différents acteurs impliqués dans la gestion de cet écosystème. Les communautés locales, et notamment les pêcheurs, auront ainsi des orientations de gestion plus coordonnées et plus claires pour assurer que leurs activités soient durables. » [[nid:367911]]

 

Les communautés qui utilisent les mangroves dans leur vie quotidienne sont déterminées, comme en témoigne Nourchiad, président de la communauté locale de base d’Antsotsomo dans la baie d’Ambaro, Région de Diana : « Nos forêts ont subi une perte depuis quelques années à la suite de leur exploitation illicite et sans contrôle. Nous sommes maintenant fiers de gérer nous-mêmes les mangroves et sommes prêts à les utiliser plus durablement et à les protéger ». Impliquer la communauté locale facilite ainsi la lutte contre la déforestation.

La gestion durable de cet écosystème permettra d’assurer une source de revenu durable aux communautés locales mais aussi plus tard, d’obtenir un revenu carbone. Faire une priorité de la restauration du paysage et de la lutte contre la déforestation est fortement encouragée, pour redonner à Madagascar son titre d’île verte.

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Le bois de mangrove est utilisé dans la construction
Photo: USAID / HAY TAO